Le chaton de Noël
04/12/2009 01:35Je suis né au mois de novembre, mes frères et mes sœurs n'ont pas eu de chance, une main les a pris et les a emmenés, je ne sais pas ce qu'ils sont devenus. Ma maman était toute douce, j'enfouissais mon nez dans ses poils et elle me faisait ma toilette, je ronronnais, j'étais bien près d'elle, je jouais avec sa queue, elle me mordait parfois parce que j'y allais un peu trop fort mais c'était pour mon bien, pour mon éducation.
Je n'avais même pas deux mois quand deux autres mains m'ont arraché à elle, et j'ai entendu une voix qui disait, "Je veux faire un cadeau pour Noël à ma femme mais il n'est pas très beau ce chaton ! C'est tout ce que vous avez ?". Et l'autre voix lui répondit :"Bah si vous le prenez pas, on va le noyer, on en a déjà bien de trop des chats ici".
On m'a dit dans une cage, j'avais peur, je pleurais, je t'appelais maman, je ne savais pas que je ne te reverrais jamais.
Une main m'a pris à nouveau et m'a déposé dans une litière, on m'a montré une gamelle avec de l'eau et l'autre avec des croquettes.
J'ai découvert un nouvel univers, on me chouchoutait, j'avais le droit de dormir avec eux, j'étais pas si mal que ça après tout, même si, maman, tu me manquais.
J'ai grandi et puis les années ont passé, je les voyais partir le matin, et revenir le soir, je me sentais un peu seul mais je dormais beaucoup pour faire passer le temps.
Un jour, quelque chose a changé dans leur attitude, la femme me repoussait quand je montais sur ses genoux, elle ne me faisait plus de câlins comme avant, ne m'appelait plus son "bébé".
Et puis quelques temps après, ils ont ramené quelque chose qui leur ressemblait mais tout petit, et ça criait, ça criait. Et eux-aussi criaient contre moi, je n'avais plus le droit de rentrer dans leur chambre, plus le droit de dormir avec eux, j'étais triste, je pleurais à la porte, je grattais. Ils étaient très en colère après moi, et souvent je me retrouvais enfermé dans la salle de bain, dans le noir, avec ma litière et mes croquettes.
C'était un après-midi, j'étais en train de jouer avec une petite balle, quand soudain, deux mains m'ont attrapé et m'ont mis dans cette cage dont j'avais gardé un mauvais souvenir. Et puis on m'a emmené en voiture, je détestais la voiture, j'avais mal au cœur. Je miaulais, j'essayais de sortir mais je n'y arrivais pas. Il criait, en conduisant et me disait, "on va enfin avoir la paix quand tu ne seras plus là"…
Puis le moteur s'est arrêté et on m'a transporté, la cage tanguait, j'avais toujours mal au cœur. On m'a emmené dans une grande pièce qui sentait mauvais, j'entendais miauler, aboyer au loin, et je comprenais avec terreur ce qu'ils me disaient tous, "va t'en, pars, enfuis-toi, ne reste pas là". Mais je ne pouvais pas, j'étais terrorisé, et on m'a sorti de ma cage pour me mettre dans une autre un peu plus grande, tout en métal, toute froide.
J'étais dans une cage, au milieu d'une grande pièce, je regardais autour de moi, il y avait plein de chats comme moi, certains terrorisés au fond de leur cage, d'autres qui dormaient, d'autres qui pleuraient, d'autres qui restaient prostrés, le regard dans le vide.
Je suis resté longtemps dans cette cage, je voyais des gens passer, parfois on s'arrêtait devant moi mais on disait, "c'est un chat commun ça, nous on veut un beau chat", j'avais droit à tout "nous on veut un chat à poils longs", "nous on veut un chat blanc", "nous on veut un chaton"…
Je voyais les autres chats partir, je ne savais pas où, mais ils étaient vite remplacés, puis un jour, deux mains m'ont sorti de ma cage, assez brutalement, il m'a fait mal. Il m'a emmené dans une petite pièce, ça sentait une drôle d'odeur, il y faisait froid, ça sentait la mort. J'ai voulu me débattre mais il m'a plaqué au sol, je miaulais, je pleurais, je voulais partir, pourquoi, pourquoi ? Maman, plus jamais je ne te reverrais…. Et vous mes maîtres, pourquoi, qu'avais-je fait pour mériter cet abandon. Et je l'ai vu avec sa grande aiguille s'approcher de mon coeur, et j'ai compris…
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